L'histoire de la Musique Electronique

L'histoire de la Musique Electronique

L'histoire de la musique élctronique

Si l’on cherche du côté des origines, les musiques électroniques doivent une grande partie de leur existence à des artistes allemands. D’une part Kraftwerk pour la froideur, l’utilisation des synthés et autres boîtes à rythmes et d’autre part à Giorgio Moroder qui a fait muter dans son studio munichois le disco « organique » pour en faire une machine à groove motorisée. Ce mix entre disco « à l’ancienne » et disco électronique a fait le bonheur des premiers DJ’s qui ont, par leurs mixes, contribué à façonner la house music. Larry Levan au Paradise Garage (New York), Ron Hardy au Music Box (Chicago) et Frankie Knuckles au Warehouse puis au Powerplant (Chicago) jouaient du disco, les tous premiers titres de house parus sur le label Trax Records (Jamie Principle, Mr Fingers, Adonis, Phuture, Marshall Jefferson, Steve « Silk » Hurley, Failey « Jackmaster » Funk etc.) et tout ce qui pouvait coller entre les deux pourvu que les gens ne désertent pas le dancefloor...

Que ce soit de l’electrofunk d’Afrika Bambaata, la pop électronique de Yellow Magic Orchestra ou de l’italo disco. Ce nouveau genre de musique destiné aux danseurs, entièrement basé sur des boîtes à rythmes et des synthétiseurs, explose d’abord dans les clubs gays des grandes métropoles américaines avant d’envahir le monde entier. Parti de Chicago, le house de New York développera une scène différente de celle de la Windy City avec des éléments plus soulful et un son plus deep.

Les anglais n’étant jamais à la traine lorsqu’un mouvement musical arrive ont vite adopté la house et son ambiance festive. Entre 1988 et 1989, c’est le fameux Summer of love, en référence à son pendant hippie de l’été 67. La jeunesse se défoule comme jamais dans les clubs (notamment l’Hacienda à Manchester) et surtout les fêtes sauvages appelées raves qui se déroulent dans la nature ou des hangars désaffectés.

Quelques décennies après, la house a mué en une liste quasi infinie de sous-genres : deep house, hard house, tech house, garage, ambient house, italo house, filter house, tribal house, micro house, minimal house, euro house, 2-step, funky house etc. Pendant que les anglais s’extasient sur cette musique, le ton se durcit du côté de Detroit... Trois amis écoutent The Electryfing Mojo à la radio et découvrent Kraftwerk, l’italo disco, Giorgio Moroder et plein d’autres sons qui n’ont rien à voir avec ce qu’ils connaissent en tant qu’adolescents afro-américains.

Riches de ces influences, Kevin Saunderson, Derrick May et Juan Atkins vont à eux trois proposer une version plus dure et plus rapide de la house que l’on va nommer techno, un son qui colle tout à fait avec l’ambiance post-industrielle de leur ville de Detroit qui après avoir vécu les grandes heures de General Motor est en train de s’enfoncer dans le chômage et la pauvreté. Bizarrement c’est l’Europe qui accueille à bras ouverts la techno, notamment l’Allemagne avec le club Tresor et le label du même nom qui y est associé.

Les précurseurs de Detroit qui survivent à peine de leur musique chez eux sont de véritables stars de ce côté de l’Atlantique ! L’Allemagne sera d’ailleurs à l’origine d’immenses rassemblements ou défilés techno en pleine journée du type Love Parade, pouvant rassembler jusqu’à plus d’un million de danseurs ! Dans la foulée les européens se mettent à produire de la techno avec leurs propres influences mais en reprenant les codes américains. Et des figures commencent à émerger comme Laurent Garnier en France, Sven Vath et Westbam en Allemagne, Carl Cox et Sasha pour le Royaume-Uni ou Richie Hawtin au Canada.

Sur le modèle de la house, la techno s’est développée en une multitude de sous genres très caractéristiques : dub techno, hardcore, trance, hard techno, minimal techno, Detroit techno, acid techno etc. Si la house et la techno ont clairement leur ADN sur les dancefloors, une certaine frange de producteurs, anglais notamment, ont délaissé cela pour créer une musique électronique faite pour l’esprit plus que pour les jambes. Peu importe que l’on nomme cela I.D.M (Intelligent Dance Music) ou electronica cette musique a trouvé sa place dans les chambres des étudiants et au sein des chill-outs, ces espaces dédiés à faire des pauses au sein des raves. Les héros du genre sont Aphex Twin et une bonne partie de l’écurie Warp Records dont les compilations Artificial intelligence sont les pierres angulaires de l’I.DM. A peu près aussi varié que ses grandes sœurs, ce style musical va de sons très doux (ambient, ambient house), à des ambiances expérimentales (Squarepusher, Autechre) en passant des musiques lorgnant sur le hip hop ou le break beat.

De la partie la plus tranquille de l’I.D.M va naître le downtempo ou trip hop qui fera les grandes heures des années 1990 avec des formations telles que Massive Attack, Tricky, Portishead, Zero 7, Morcheeba ou le label Ninja Tune. Tous ces artistes piochent allègrement dans l’instrumentation de la musique électronique qui est venue avant eux, les méthodes du sampling issues du hip hop et rajoutent en sus des influences dub, afro, moyen-orientales, indiennes, rap ou bien pop. Certains de ces groupes, Massive Attack et Portishead notamment, connaitront un succès qui dépasse largement les encornures de la musique électronique pour toucher un public très large.

Un autre style dont les britanniques peuvent largement revendiquer la paternité est la jungle, qui deviendra drum & bass par la suite. Cette musique rapide (environ 160 B.P.M) est basée sur une rythmique solide conjuguant la puissance des basses jamaïcaines avec des break beats complexes, quasiment à la manière de ce que peut jouer un batteur de jazz. Des artistes tels que Roni Size, Goldie, Dillinja, Hype, Zinc ou les 4 Hero sont de véritables légendes du genre. Typiquement anglaise la jungle a été souvent accommodée avec le ragga et est clairement à l’origine du dubstep des années 2000 mais sa large production s’étend de sons deep et jazzy jusqu’à des sonorités très dures voire industrielles parfois.

Bien sûr les musiques électroniques ne cessent de se réinventer et l’on observe des cycles : la house après une période de disette a fait son grand retour dans les années 2000, tout comme la techno plus musclée dans les années 2010 (sous l’impulsion de la scène autour du Berghain et du label Ostgut-Ton notamment) ou l’ambient vers 2018. Depuis 2000 nous avons également assisté à l’éclosion de producteurs qui ne sont pas clairement house ou techno mais piochent dans les deux, ainsi que dans la pop, la production hip hop ou le downtempo. Que ce soit Four Tet, Caribou, Nicolas Jaar, Bicep, Floating Points, Jayda G, Modeselektor ou Thundercat pour n’en citer que quelques-uns mais la liste est quasi infinie tant le développement des outils musicaux informatiques ont rendu la production accessible au plus grand nombre.

Aux côtés de dj’s ou producteurs mythiques (Carl Craig, François K, Michael Mayer, Jeff Mills, Richie Hawtin, Moodyman, Carl Cox etc.) et de labels qui ont su traverser les décennies (Planet E, Kompakt, B-Pitch, Rekid, Versatile Records, Perlon,  Studio K7 !, DFA etc.), une foule d’acteurs, plus ou moins D.I.Y., a su garder la flamme intacte, proposant des morceaux, des mixes ou des structures dédiées à faire paraître la musique la plus variée imaginable. Et parmi eux, une certaine tendance à la féminisation est en marche. Même si les femmes restent minoritaires dans la partie la plus en vue des musiques électroniques, il est bon de voir que Nina Kraviz, Amélie Lens, Charlotte De Witte, Jennifer Cardini, Chloé, Elisa do Brazil, Ellen Alien, Miss Kittin ou The Blessed Madonna pour n’en citer que quelques-unes ont réussi à trouver plus de place sur les line-up des festivals ainsi que dans les soirées en club.

La France a connu son heure de gloire dans les 90’s avec la vague que l’on a nommée « French touch » regroupant des artistes aussi hétéroclites que Daft Punk, Bob Sinclar, Air, Kid Loco, Modjo, Cassius, St Germain, Dimitri From Paris, Super Discount et Stardust. L’appellation a permis de faire vendre des productions made in France qui sont pourtant parfois très éloignées les unes des autres même si une certaine idée de la house (filtrée) est commune à certains.

Cette vague a semblé ressusciter dans les années 2000 avec Justice, Dj Mehdi, Breakbot ou Kavinsky qui ont rencontrer de beaux succès à l’étranger mais là encore, le principal point commun entre ces artistes est, en plus d’être souvent proches humainement, qu’il sont simplement de la même nationalité.


Pour une bonne partie, les musiques électroniques sont faites pour ou par des Dj’s et en tant que telles, elles ont largement contribué à maintenir le support vinyle en vie quand l’industrie du disque mainstream et le grand public boudaient ce support

Bibliographie

  • Olivier Pernot « Electro 100 » et « French touch 100 » (Le Mot et le Reste)
  • Jean-Yves Leloup « Musique non stop » et « Techno 100 » (Le Mot et le Reste)
  • Guillaume Koscmicki « Musiques électroniques » (Le Mot et le Reste)
  • Peter Shapiro « Modulations » (Allia)
  • David Blot & Mathias Cousin « Le chant de la machine » (Allia)