Alors que le monde continue de plonger dans un brasier ardent de calamité, l'air de l'hémisphère sud se réchauffe, ses feuilles deviennent vertes et la terre humide se réveille. En septembre, le printemps arrive en Australie, et il débute avec un nouveau projet de trois chamans soniques qui ne sont pas étrangers à nos oreilles. Springtime, composé de Gareth Liddiard (Tropical Fuck Storm / The Drones), Jim White (Dirty Three / Xylouris White) et Chris Abrahams (The Necks), est autant une nouvelle expérience sonore qu'une réflexion sur l'absurdité moderne. Leur premier album éponyme combine éléments art rock, free jazz, lyrisme poignant, noise expérimental et improvisation pour créer des portraits austères d'un monde paralysé par un stress post-traumatique. Plusieurs chansons de Springtime ont été composées en collaboration avec le célèbre poète Ian Duhig (accessoirement l’oncle de Gareth) qui a remporté deux fois, en 1987 et 2000, le National Poetry Competition, le prix de poésie le plus prestigieux au Royaume-Uni. Les poèmes de Duhig ont jeté les bases des chansons "Viaduct Love Suicide" et "Jeanie In A Bottle" (avec Fiona Kitschin de The Drones), qui ont ensuite été transformées en chansons tentaculaires. L'enregistrement live de la reprise du "West Palm Beach" de Will Oldham est traité avec amour. C’est un disque monstrueusement ravissant. Les mots se percutent sans se soucier des blessures des uns et des autres. Il y a des sons qui sortent du néant pour cogner et brutaliser leurs congénères. Sur l'étendue de sept pistes, Gareth chante avec une fureur folle alors que Jim et Chris posent des cordes, de l'électronique pétillante et des mélodies de piano aériennes. A travers ces divagations abstraites se dessine à l’horizon le nouvel enfer qui accompagnera la nouvelle saison.