Vinyle

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Marion Rampal

Oizel [Vinyle]
21,00 €

Caractéristiques de l'album

Artiste

Marion Rampal

Parution

02/02/2024

Label

Les Rivières Souterraines

Disque

Oizel [Vinyle]

1 LP

À propos du disque Oizel [Vinyle]

Après quatre albums et de nombreuses collaborations, on se gardera daffirmer que marion rampal prend son envol. Intitulé Oizel, son nouveau recueil suggère pourtant une prise daltitude. Comme un déploiement dailes qui, pareil à celui dun oiseau marin, lui fait sélever dans lazur pour mieux plonger en elle-même, dans ces eaux profondes de lidentité, de la mémoire fondatrice où git le trésor de ses souvenirs denfance. Si la figure de loiseau est devenue essentielle, cest quelle couvait déjà sous sa plume. Son précédent recueil, Tissé, sachevait par un blues féministe, Still a bird, où sesquissait une affinité que Oizel prolonge et achève en convoquant la mobilité spatiale du migrateur, la nécessité vitale du nid, le chant réparateur. Loiseau, sa symbolique à laquelle se rattache lidée de liberté, ma accompagné tout au long de la gestation de cet album dont lenjeu était de semparer de la langue française plus que je ne lavais fait précédemment. si marion a longtemps concilié le format chanson avec la liberté du jazz, elle sest soumise cette fois au strict respect dune construction plus classique couplet-refrain collant mieux aux histoires quelle souhaitait raconter, aux émotions quelle voulait partager, aux portraits quelle entendait dresser. Celui de Tangobor évoque labandon, la détresse, la résignation peut être quand, à linverse, Grande ourse fait palpiter en nous sur un rythme bluegrass tendance klezmer lenvie de fuite éperdue. Inspiré en partie dun texte de florence aubenas sur une femme ayant rompu avec le monde pour mener une vie de sauvageonne, le morceau révèle cette part delle-même quelle mit longtemps à assumer totalement... Jai toujours été fascinée par ces figures ancestrales un peu monstrueuses. Ce qui rejoignait en quelque sorte mon envie dexplorer la marginalité et ce basculement vers lobscur, vers une folie qui soit aussi une libération. Lhistoire de cette femme dans les cévennes qui vit cachée dans les bois, pénètre dans les maisons inoccupées, vole de la nourriture, des habits, a changé mon fantasme en réalité. Elle ma permis de finir la chanson. cest bien dans les sous-bois et les maisons abandonnées de la langue française que marion se faufile ici pour batifoler comme une enfant livrée à elle-même, sinventant des expressions - Coulemonde, Gare-Où-Va, Tampi mon ame - presque un dialecte dans lequel elle sinue entre bon usage et chemin buissonnier poétique. La marseillaise de souche quelle est, bien que dépourvue daccent, a conservé une façon de tourner les phrases qui relève du parler local, celui des grand-mères si présentes en esprit. La chanson française fait peser un si lourd héritage sur celui ou celle qui sy aventure, quelle se devait den respecter les codes, lesthétique mais en lui infusant son imaginaire à laide dun langage qui lui soit propre. Les mots, les mots, cest beau les mots senivre-t-elle dans un pur moment dhumilité et déblouissement mêlés. Parfois nous vient limpression dentendre des chansons dautrefois daujourdhui lorsque surviennent Doù lon vient lhiver, Gare-Où-Va, Beaux dimanches en duo canaille avec bertrand belin, ou Oizeau, un ragtime feutré. Comme pour explorer un nouvel horizon dans un ciel familier, elle a conclu avec matthis pascaud qui réalise louvrage, et raphael chassin, aux batteries, un pacte de légèreté. Ce sont eux qui impriment cette sonorité daquarelle épousant à merveille cette voix delfe pour berceuses éveillées et ballades en apesanteur qui nous frôle, nous caresse, nous embarque tout du long. Oizel tend vers la fluidité, celle dun folk bu à même la source, dun country séchappant dun champ de lavande, dune chanson douce recueillie au bord du songe ou dune valse finale et parfaite, celle dAux fleurs, sortie dun ressac de calanque. Leau et le ciel se fondent alors dans un même décor, celui dune enfance heureuse, lumineuse, insouciante. On se baigne dans les souvenirs de Canards, évoquant dans un pur instant de bonheur suspendu cette manière de plonger à angle droit comme un palmipède, murmuré en duo avec laura cahen, autre sirène. On sassoit dans la cuisine de madeleine, grand-mère aux mille sagesses, dont lâme bienveillante ressurgit sur DOù lOn vient lHiver, rappelant cette fonction mythologique de certains oiseaux qui est daccompagner lâme des défunts. Cest par le filtre de ce ré-enracinement, de ce ré-enchantement profond, cette relecture delle-même à travers la mémoire et les sens que sont distillées ces 11 chansons démotion pure, de grâce éthérée.