Le Vinyl En Jamaïque
Genres musicaux

Le Vinyl En Jamaïque

L'histoire du vinyl en Jamaïque

La Jamaïque est un pays à part et cela tient surtout à sa population. Rarement on aura vu une si petite île créer et propager un style musical, le reggae (sous toutes ses formes), qui est devenu un phénomène mondial et pour certains, un véritable art de vivre.  

Dans les années 40 et 50 les musiciens, notamment les orchestres chargés d’animer les hôtels, reproduisent à leur manière le rhythm & blues qu’ils arrivent à capter des radios émettant depuis la Floride. Et cela en parallèle du mento qui est ce que l’on nommera un « folk jamaicain », musique traditionnelle que l’on peut rapprocher des styles que l’on peut retrouver sur d’autres îles des Caraïbes (calypso, kompa, son, biguine etc.).

 

Petit à petit les musiciens se mettent à marquer plus franchement le contretemps du R&B et l’ajout de cuivres flamboyants aboutit à une musique originale : le ska. En grande majorité instrumental, il déchaine les danseurs venus oublier la misère sociale dans ces bals de rues improvisés, les soundsystems où les selectors (sorte de dj avant l’heure) rivalisent de titres exclusifs et de sonos bricolées pour faire mieux que la concurrence. Des noms commencent à sortir du lot et à créer la légende : The Skatalites, Laurel Aitken, Prince Buster, Coxsone, Duke Reid...

 

En 1966 un changement musical majeur survient d’après la légende pour une raison improbable : la chaleur caniculaire oblige les musiciens à ralentir le tempo ! La frénésie du ska est remplacée par le rocksteady, qui serait la soul jamaïcaine pour faire simple : rythmes chaloupés langoureux et chansons d’amour. A l’image de la soul US, les trios vocaux sont rois (The Paragons, The Gaylads, The Heptones, The Wailers conduits par un tout jeune Bob Marley) mais aussi les chanteurs (Alton Ellis, Justin Hinds, Ken Boothe, John Holt etc.).

 

Deux ans plus tard, le chanteur Toots Hibbert et ses Maytals sortent un morceau nommé « Do the reggay » qui va définir musicalement et étymologiquement ce style nouveau qu’est le reggae. Empruntant énormément au ska et au rocksteady, il pioche en plus dans les traditions africaines, la religion rastafari (dont il sera le meilleur ambassadeur) et la pop internationale. Sous l’impulsion de Chris Blackwell, un anglais installé en Jamaïque, et de son label, Island Records, un homme va incarner cette nouvelle musique aux yeux du monde entier : Bob Marley. Sentant son fort potentiel créatif, Blackwell va lui donner une dimension internationale et ne regrettera pas son pari : il est probablement l’un des plus gros vendeurs de disques de l’histoire et reste, quasiment 40 ans après sa mort, le lendemain de l’élection de François Mitterand, une figure mythique.

 

Bien sûr Bob Marley et ses Wailers ne sont que la partie immergée de l’iceberg et une myriade de groupes, plus ou moins connus, ont creusé ce sillon : Lee ‘Scratch’ Perry, Third World, Gregory Isaacs, Max Romeo, The Congos, Black Uhuru, The Gladiators etc.

 

Les années 80 ont vu un nouveau son arriver. Plus digital, le raggamuffin (ou ragga) délaisse les instruments classiques pour des productions plus électroniques, à base de boîtes à rythmes et de synthés. Ce style a muté au fils des années 90 et a fini par prendre l’appellation de dancehall.

 

 

Nous l’avons évoqué plus haut, les soundsystems ont toujours été le moyen privilégié de diffusion de la musique en Jamaïque. Par soundsystem il faut comprendre à la fois la fête de rue et la sono qui passe la musique. Les soundsystems se sont toujours livrés à une concurrence  débridée en matière de morceaux exclusifs à leur gloire par exemple (les fameuses dubplates) ou d’innovations techniques pour avoir le meilleur son ou la plus grosse basse. Bien sûr le vinyle et surtout le 45 T (peu cher et pas trop fragile) a été l’instrument privilégié de cette « guerre » des soundsystems, les faces B instrumentales permettant notamment aux djs (comprendre ceux qui sont chargés d’animer le soundsystem au micro et non pas des djs aux platines comme dans l’electro par exemple) de chanter ou de toaster sur le rythme. La Jamaïque a donc produit et exporté une quantité faramineuse de ses 45 T pendant des décennies mais, comme partout, le digital a pris le pas pour différentes raisons. Tout d’abord cela simplifie grandement le processus entre le moment de composition en studio et le moment de diffusion, ensuite beaucoup de machines à presser sont tombées en ruines ou ont été revendues à l’étranger. Ceci dit, certains soundsystems sont encore attachés au format 45 T et font perdurer la tradition. On espère que nos photos de vacances vous donneront envie d’aller visiter ce pays qui ne manque pas de charmes.

 

 

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